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Installations Artistiques Projets

Agora évolutive dans le parc Gilles Clément à Lyon

Contexte

Travail en partenariat avec Tiphaine Calmettes, artiste, dans le cadre de la Biennale d’art contemporain de Lyon pour la réalisation de totems, d’un four à pain, d’un four à céramique et d’une agora, mais surtout de l’animation de ces chantiers formation en résonance avec les débats organisé dans l’agora en construction.

A l’ENS de lyon, Tiphaine Calmettes propose la construction d’un mobilier évolutif en fonction d’une programmation d’ateliers et de rencontres. Il s’agit de travailler simultanément sur le faire et le savoir dans une démarche collective et de soin et d’hospitalité.

Réversible, la terre se refond dans son environnement dès lors qu’elle n’est plus habitée. Dans le cas contraire elle demande à ce que l’on en prenne soin, nécessitant un entretien qui maintient le lien entre l’objet et son/ses usager(s). Fabriqué en terre crue, entre le ver de terre et le corail, cet ensemble de formes minérales aux allures anthropomorphiques génère un site évolutif et vernaculaire à la manière d’un playground. Il vient aussi bien répondre au besoin d’accueil des rencontres que nourrir le sujet même de ces moments d’échanges autour de son utilisation.

Composé de plusieurs modules, ce lieu de rassemblement se constituera autour de foyers – four à céramique, four à pain et feux de cuissons – comme autant d’éléments fédérateurs d’une forme de commensalité.

Ancré dans la réflexion de Tim Ingold où l’enseignement est fondé sur des pratiques de gestes de fabrication, ce projet est l’occasion de se confronter à l’anthropologie, l’archéologie, l’art et l’architecture comme manières de faire qui explorent chacune, à leur façon, les conditions et les potentiels de la vie humaine au sein de son environnement.

Présentation par Tiphaine Calmettes

Dates

Du 9 septembre au 11 octobre 2019. Interventions de 3 jours sur chacun des thèmes.

Lieu

Jardin de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon

Chantier

Ressources

La terre provenait d’un chantier proche et a été livrée par l’entreprise de terrassement.

Équilibrée, la terre se serait très bien prêtée à du pisé mais les formes très organiques et évolutives du projet, pas du tout.
De plus, le mélange au pied et la mise en œuvre très manuelle correspondait bien a l’ambiance d’échange et de convivialité recherchée par le projet.
Par contre, il a fallu extraire la plupart des cailloux,ce qui fut une tache non négligeable du travail.

Les différentes fibres provenait du jardin environnant, ce qui a permis d’en explorer les ressources

Four à pain et four à céramique en adobes

Les fours ont été réalisés en adobes, produites lors de la première session de chantier.

Le four à pain, de dimension très modeste était complété par des zones de cuisson ouvertes devant permettre un usage par les étudiants : barbecues, cuisson de pain et pizzas…etc…

Le four à céramique était lui aussi de dimension modeste avec un foyer en partie basse et une sortie de fumée à l’opposé afin que les flammes viennent lécher les pièces à cuire. Les cloisonnements intérieurs pour le support des pièces et la conduite des flammes étaient réalisés en adobes.

Totems en torchis

2 totems ont permis de travailler les tressages et explorer les ressources végétales du lieu au regard de leur potentiel emploi dans la construction.

Agora

Des bancs ont été réalisés en bauge

Formation

3 thématiques ont été définies, en fonction des éléments à réaliser :

  • La terre et les techniques massives.
    Production d’adobes et façonnage des bancs de l’agora et de la base du mobilier.
  • La maçonnerie et les voûtes et coupoles.
    Construction des fours à pain et à céramique
  • Les végétaux, le tressage et les torchis.
    Réalisation des totems en tressage garni de torchis.

Chaque session commençait par une sensibilisation au sujet étudié. Un point quotidien en fin de journée permettait de synthétiser les techniques expérimentées pendant la journée.

Expérimentations

Outre le four à céramique qui était une première pour dlMalO, l’expérimentation principale a consisté à installer un mobilier en extérieur pour voir les effets des intempéries et du temps : érosion, écroulements éventuels, effet de la cuisson à l’intérieur des fours… La pièce devant être débarrassée 2 ans plus tard.

Malheureusement, des pluies diluviennes ont mis un point d’arrêt à cette expérience. En effet, les pluies sont arrivées tout de suite après la construction. Les ouvrages étaient encore très frais et le bâchage mis en place par le personnel de l’ENS, n’était pas suffisamment étanche.

Il est toutefois intéressant de constater que les 2 choses qui ont subies un dommage ont été :
– la voûte du four à céramique (assez fine).
– les totems (où la structure très souple en noisetier s’est affaissée).
Il s’agit donc de structures assez fines mises à mal par le poids de l’eau ajoutée à la terre. Les structures plus massives n’ayant eu qu’un érosion superficielle.

Il aurait été possible de reprendre mais la direction de l’ENS a pris peur et a préféré tout enlever.

Humainement

La Mêlée

Tiphaine avait organisé une série de débat qui se tenaient dans l’agora en construction :

  • Situation : L’histoire et la dimension sociale de la terre

avec Samuel Dugelay, maçon, en charge du chantier et Erwan Hamard, ingénieur à l’IFSTTAR

  • Habiter la terre, faits d’hier et enjeux d’aujourd’hui

avec Patrick Degeorges, philosophe, Olivier Hamant, biologiste, RDP, ENS de Lyon, Ioan Negrutiu, ingénieur agronome et biologiste, Institut Michel Serres, François Daillant et Johann Monga, membres de la coopérative bocagère de Notre-Dame-des-landes

  • Morphogénèse / sous-optimalité

avec Stéphane Douady, physicien, Olivier Hamant, biologiste, RDP, ENS de Lyon et Matthieu Calame, ingénieur agronome

  • Animation et formes rituelles collectives de l’antiquité à aujourd’hui

Permaculturel – projet du Magasin des Horizons – Béatrice Josse et Anne-Sophie Noel, Lettres et littératures grecques, ENS de Lyon

  • Interstice du commun, Hospitalité, émancipation et politique

Claire Fauchon-Claudon, historienne, ENS de Lyon, HISOMA et Claude Fischler, sociologue de l’alimentation, CNRS, EHESS

  • La fonction de l’éphémère

Pain consommé ou gardé / poteries crues ou cuites, conservées ou détruites / fours fixes ou nomades.

Christine Armangaud, historienne de l’art

  • Le monde revient

Construction et transmission de récits autour de pratiques d’autonomie collective, enquêter.

Rafanell Orra Josep, psychologue et psychothérapeute

Jardin de Gilles Clément

Nous avons aussi pu visiter et échanger avec les jardiniers en charge du jardin mis en place par Gille Clément

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Four à pain aux Laboratoires d’Aubervilliers

Contexte

Travail en partenariat avec Tiphaine Calmettes, artiste, pour la réalisation d’un four à pain aux Laboratoires d’Aubervilliers, centre d’art contemporain :

Invitée par la Semeuse à poursuivre ses recherches aux Laboratoires d’Aubervilliers, Tiphaine Calmettes propose rencontres et échanges de pratiques autour de la construction d’un four à pain en terre crue dans le jardin.

Au programme : fabrication de tuiles, façonnage de la terre crue, initiation au pétrissage et à la cuisson du pain. Des techniques traditionnelles, méconnues ou oubliées, que Tiphaine Calmettes propose de raviver à la faveur de rencontres avec celles et ceux qui perpétuent le souvenir de ces gestes et pratiques.

De son mode de production à ses usages au quotidien, ce four à pain façonné dans le terreau d’une mémoire ancestrale, a pour vocation de constituer autour de lui une chaîne humaine faite de transmission et d’échanges. Évoquant le four communal des villages d’autrefois, il se veut un lieu de sociabilité où générations et cultures se croisent et s’hybrident.

Tiphaine Calmettes envisage également ce four comme un lieu d’émancipation collectif, où l’acquisition de nouveaux savoir-faire ouvre sur une plus grande autonomie et capacité d’agir sur nos vies. Par ce chantier, elle invite à s’emparer des outils à notre disposition et à apprendre à s’en servir, appliquant ainsi les principes d’une « politique conviviale », pour reprendre les termes du philosophe Ivan Illitch.

Construit « avec les moyens du bord », à l’aide d’outils de base, disponibles sur place et accessibles à tous, c’est aussi avec le reliquat de terre d’un ancien projet des Laboratoires que le four est construit. Loin de constituer un simple décor dont il faudrait contourner les contraintes, le lieu – son écosystème, son économie, sa mémoire et la mémoire de celles et ceux qui le traversent et l’habitent – constitue ainsi le moteur et la matière même de ce projet.

Dates

Du 27 au 29 avril 2021, soit 3 jours

Lieu

Les Laboratoires d’Aubervilliers (Seine Saint Denis)

Chantier

Terre

La terre, relativement limoneuse, de couleur marron clair, était un reste d’un autre projet qui retournait tranquillement à la nature dans un coin du jardin.

Four

La terre était travaillée à l’état plastique au pied sur des bâches de mélange puis mise en boules posées sur un coffrage en sable pour former la coupole.

La terre a alors été retravaillée esthétiquement par les différents participants sous la direction de Tiphaine

La porte a été fabriquée dans un atelier proche.

Formation

Cette construction était l’occasion d’échanges et pratiques collectives que ce soit par rapport à la construction du four (rocaille sur la base du four, terre crue pour la voûte, tuiles et gargouilles en terre cuite) ou son usage (fabrication de pain).

Les différentes étapes de la résidence

De janvier à avril 2021

Atelier de fabrication de tuiles avec les femmes de l’Association « Maïda pour Tous »

Décorées de motifs végétaux inspirés des plantes avec lesquelles les femmes de l’association ont l’habitude de se soigner, ces tuiles entrent en résonance avec la recherche de La Semeuse autour des savoir-faire ancestraux et du soin par les plantes. Faites de grès et de faïence, elles viendront se poser sur le toit de la charpente du four à pain.

Du 26 au 30 avril, puis du 3 au 7 mai 2021

Chantier de construction du four à pain en terre crue avec de la Matière à l’Ouvrage (encadrement Samuel Dugelay).

Samedi 18 septembre 2021

Inauguration du four à pain.

En présence de Tiphaine Calmettes, de l’association «Maïda pour Tous» et des participants au chantier. Pose des gargouilles sur la toiture, lancement du feu, discussion, ateliers «petits pains spéciaux», cuisson et dégustation.

Présentation par Tiphaine

Expérimentations

Pour l’association, la réalisation d’un four à pain en bauge était une première mais rien d’expérimental dans cela… !!

Humainement

De très beaux échanges avec les membres de l’association « Maïda pour tous » et les personnes venues spécifiquement pour la fabrication du four.

Association Maïda pour tous pour la réalisation des tuiles et gargouilles en terre cuite et la fabrication de pains : Aïcha Abdessalam, Samira Rezzag, Linda Radji, Fakia Bouneb, Tassadit Ouldji, Malika Mouhcine, Naïma Bouguenaya.

Construction du four : Myriam Boutry, Mael Canal, Vincent Brou, Mathilde Chassaigne, Julie Jouitteau, Ignacio Arnaldi, Francesca Crudo, Mélodie Gogué-Meunier, Zora Decherf, Alice Van Biesbroeck, Lysbeth Benavides, Habib, Madeleine Pellerin, Maia Hamilcaroberlin, Alice Plun, Celine Lanneretonne, Orane Aguirre, et Christine Calmettes.

Une super implication d’Ariane Leblanc et Camille Gigot pour les laboratoires d’Aubervilliers : repas, appros, bonne humeur qui ont grandement contribué à l’ambiance de ces moments d’échanges constructifs.

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Installation au Centre International d’Art et du Paysage de Vassivière

Contexte

Travail en partenariat avec Tiphaine Calmettes artiste, pour l’aménagement de la grande salle du Centre International d’Art et du Paysage sur l’Île de Vassivière dans le cadre de son exposition « par le chant grondant des vibrations autour ».

Des podiums, aux formes très géométriques à base d’arcs de cercle et de lignes droites ont été réalisés en bauge.

Par le chant grondant des vibrations autour de Tiphaine Calmettes est une proposition d’habitation du Centre d’art à partir des énergies qui le traversent, de celles émanant de son architecture mais aussi des éléments qui font cette île, notamment le lac et les plantes. D’une salle à l’autre chaque personne est invitée à entrer en relation avec les objets présents. Mobilier praticable, outils en fonctionnement, matières évolutives ou éléments comestibles sont autant de dialogues entre le lieu et celui ou celle qui le parcourt. Issues de collaborations avec différents savoir-faire et artisans, les formes sont ainsi chargées de partage, transmission et moments de vie, qui irriguent la pratique de l’artiste. Leur conception et mode opératoire répondent à des lois surnaturelles à partir desquelles seul le sensible peut nous guider.

Dates

02/12/2020 au 08/12/2020 soit 1 semaine

Lieu

Centre International d’Art et du Paysage, Beaumont-du-Lac (Haute Vienne)

Chantier

Terre et convenance

La terre, argilo-graveleuse et de couleur très claire, provenait d’un chantier proche.

Trois options ont été envisagée :

Terre comprimée :
– complexité du coffrage,
– difficulté à régler proprement les grandes surfaces horizontales,
– résistance à l’abrasion plus faible qu’avec une technique plus mouillée
– terre dans tous les cas trop mouillée en cette période très neigeuse !

Torchis:
– techniquement très faisable : bonne cohésion et juste quelques cailloux à enlever
– complexité de travail de la structure bois et du lattis.
Rien d’infaisable donc mais nous avons préféré privilégier un travail de la matière

Bauge :
– terre adaptée à un usage plastique et technique adaptée aux formes voulues.

La terre a été mélangée à de l’eau chaude et malaxée au pied pour obtenir une pâte mole. Elle a ensuite été amendée en paille de blé pour éviter les fissurations et retrouver une consistance assez ferme permettant de faire toutes les ‘élévations’ en 5 jours.

Bauge

Mise en œuvre sous forme de boules qui étaient retravaillées en place afin que les fibres assurent la liaison entre touts les éléments. L’objectif était de retrouver quelque-chose de monolithique, sans trace des éléments ayant servi à la réalisation.

Après un temps de séchage, la bauge était recoupée à la truelle et la surface resserrée pour obtenir un fini très lisse et monolithique.

Formation

Plus qu’une formation, il s’est agit d’une rencontre entre le monde de l’art et celui de la construction avec un mixage de participants de ces 2 univers

Nous avons complété avec des présentations du soir sur :

  • la terre comme matériau de construction,
  • les travaux et réflexions artistique de Tiphaine.

Expérimentations

La réalisation de forme très ‘rigides’ avec de grandes surfaces horizontales lisses avec de la bauge était une première.
Rien de très exceptionnel techniquement mais une finalité différente et un usage finalement très adapté de la matière.

Le point le plus marquant a été le changement d’ambiance que cela a généré sur cette pièce très grande (200 m²) et très haute de plafond.
Le retour que nous ont fait les visiteurs (essentiellement des commissaires d’exposition en cette période de confinement) était une surprise sur le coté chaleureux qu’avait pris cette pièce, ordinairement assez froide et impressionnante.

Humainement

10 personnes sont venues participer à ce chanter (Adèle, Alice, Brenda, Diane, Léon, Lise, Mathilde, Oscar, Simon, Viktor), certains pour 2 jours, d’autres pour 5, voir beaucoup plus pour Lise qui est restée une semaine de plus pour finir. Nous étions logés dans un gîte au bord du Lac.
Tiphaine, et Alexiane qui l’accompagnait, logeaient au ‘château’, sur l’île mais partageaient nos soirées.
Et en journée nous étions rejoint par le personnel du centre (Marine, Guillaume, Carine) qui venait faire avec nous.

Nous avons tous expérimenté la douce sensation de la terre gelée (le tas de terre était recouvert de neige) sous la plante des pieds nus.
L’eau bouillante, le plancher chauffant, les chaussons de planche à voile, la force mentale ; tout a été tenté avec un succés relativement limité quand même. Il n’aurait pas fallu que cela dure beaucoup plus longtemps… !

Marine Froeliger a enregistré les bruits du chantier et réalisé une bande son.