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CEFA Montélimar (26)

Contexte

Le CEFA de Montélimar s’agrandit, un bâtiment tout neuf répondant aux exigences environnementales en vigueur (BBC) sort de terre, permettant la création de 4 salles de classes et à l’étage, des studios pour les étudiants.

Iimage non libre

L’Atelier d’Architecture Kitty O’Grady décide de proposer une touche personnelle et fait appel à « De La Matière à l’ouvrage » pour la création de cloisons de distributions en adobe.

Fidèle à sa vocation de chantier participatif, « De La Matière à l’ouvrage » a proposé que ce soient les élèves du CEFA qui mettent les mains dans la terre afin de s’emparer de leur futur outils d’apprentissage.

Dates

Octobre 2022

Lieu

Montélimar

Chantier

Ressources

L’idée de départ était d’utiliser la terre du site pour la confection des adobes et de les faire sur place avec les étudiants. Malheureusement, ce ne fut pas possible et nous dûmes aller les confectionner « au village« , un CHRS situé à cavaillon qui nous a prêté ses infrastructures pour la réalisation d’environ 3500 unités.

Production des adobes

Le format choisi était 29x12x9. La largeur étant choisie en fonction de l’épaisseur du mur (stabilité), la hauteur et la longueur par rapport au calepinage (hauteur totale et espace entre poteaux).

Les mélanges ont été réalisés avec un gros pétrin de boulanger. Très concluant.

La première production a été réalisée sur des dallettes en BA déplaçables et couvert avec des bâches. Le séchage, confiés aux personnes du site n’a pas été très concluant et il y a eu des soucis de moisissure.

La seconde production s’est faite sur une dalle sous abris (atelier couvert) et le séchage a été beaucoup plus simple et concluant.

Murs

90 m² de mur en adobes (30mx3m)

Le mortier était fait avec la terre utilisée pour les adobes, amendée avec du sable.

Des lisses en bois de la largeur des briques ont été insérées dans la maçonnerie tous les 70 cm (7 rangs) et connectées aux poteaux porteurs via des fixations coulissantes.

Le mortier a eu beaucoup de retrait (sable trop fin et trop ‘sale’) et les système de fixation n’ont pas suivi l’affaissement de la maçonnerie. Il a donc fallu reprendre pour garantir la stabilité de la maçonnerie.

Une salle de classe sans cloisons

Maçonnerie de briques avec les élèves:

Formation

Contenu

Chaque classe venait une demi-journée.

Une introduction permettait de comprendre :

  • les propriétés et la diversité des terres.
  • les états hydriques, les techniques possibles et les éventuelles interactions avec le bois.
  • les métiers existants et les enjeux.

Les sujets variaient en fonction des classes et des demandes.

Le reste de la demi journée était consacré à la découverte de la maçonnerie et surtout à la pratique.

Intervenants

  • Samuel Dugelay (maçon, ingénieur, formateur) : coordination et formation.
  • Nicolas Quoinon (maçon, formateur): coordination et formation.
  • Camille Announ (architecte, maçon) : appui logistique et pratique.
Prototypes

L’association d’insertion Le Village avait pour habitude de produire des BTC (Briques de Terre Comprimée) avec une terre très argileuse et un fort amendement en sable et en liant hydraulique.

Une série de 30 essais avec les 2 terres présentes sur le site et les différentes fibres a permis de mettre au point différentes formulations plus adaptées aux ressources

Nous avons choisi avec les architectes 4 types de mélange avec les 2 terres (couleurs différentes) et fort amendement en fibres (paille hachée et balle de riz).

Au final, la terre très limoneuse a été utilisée pour les parties peu accessibles car trop fragiles a l’abrasion.

Expérimentations

Balle de riz

La balle de riz, très ronde et relativement hydrophobe se comporte comme un sable grossier. En amendement dans une terre très argileuse, elle fonctionne bien et allège les briques de façon conséquente.

Mélange au pétrin

Première utilisation d’un pétrin pour le mélange. Très concluant.

Connexion murs / structure

La stabilité des murs a été assurée par des lisses en bois intégrées à la maçonnerie et connectée aux poteaux bois de la structure.
Un système de fixation coulissant (équerres avec trous oblongues) devait permettre de suivre les mouvements de la maçonnerie (le tassement principalement).
Ce détail n’a pas fonctionné pour au moins 2 raisons:
– le mortier s’est glissé dans le système de fixation,
– la terre a été amendée avec un sable très fin et assez sale pour corriger son argilosité. Ce manque de structure (trop de fines, peu de sable gros) a généré un tassement beaucoup plus important qu’a l’accoutumée.
Nous avons donc du reprendre après séchage le tassement pour remettre l’ensemble des éléments sous contraintes et assurer la stabilité.

Humainement

Sylva Campus. Ecole des métiers du bois

La maçonnerie a été réalisée par les élèves du centre, de la 4ème au Brevet Pro, chaque classe (entre 20 et 30 élèves) venant 1/2 journée et étant encadrée par 3 personnes. L’enjeux était surtout de construire le mur avec ceux qui vont utiliser l’école.

Cela a également permis de leur faire découvrir un domaine connexe à leurs études et réfléchir aux enjeux des matériaux de construction

L’accueil par le personnel, les enseignants et les élèves a vraiment été très agréable avec une mention spéciale pour la cantine qui nous a accueilli tous les midis et Sophie qui a pris le relais le soir, dans les montagnes ardéchoises proches.

Association Le Village

Nous avons logé sur place (camping) et croisé les différentes personnes du site a l’occasion des repas ou autre. Intrigués par cette production si peu mécanisées mais étonnés par le nombre produit en si peu de temps.